Rapport de la Caisse de défense de l’ACPPU
Printemps 2004

Depuis le dernier conseil de l'ACPPU, les administrateurs de la Caisse de défense ont préparé une version mise à jour de la brochure présentant la Caisse, en plus de s'occuper de situations de grève. Serge Jolicoeur (Moncton), qui préside le comité des adhésions, a dirigé la rédaction de la brochure en consultation avec tous les administrateurs. Elle reflète l'augmentation du nombre de membres et l'accroissement de la Caisse.

C'est mi-décembre que l'Association des professeurs de l'Île du Prince Édouard contactait la Caisse face à la rupture de ses négociations. Une téléconférence tenue le 23 décembre 2003 autorisait donc le déblocage de fonds de grève en vue d'un débrayage possible dès le 2 janvier 2004! Heureusement, nul n'a dû braver les frimas de janvier puisqu'un règlement est intervenu et ratifié le 13 février 2004, la première convention collective à UPEI (http://www.upeifa.org/archives.html).

Soudain, en février, deux associations demandaient coup sur coup aux administrateurs d'approuver le versement de fonds alors que leurs négociations les menaient à l'impasse : le 12 février 2004, une première téléconférence se tenait en faveur de l'Association des professeurs de l'université Acadia (AUFA) et une deuxième téléconférence le 19 février 2004 faisait de même pour l'Association des professeurs de l'université Bishop's.

Après 168 ans d'histoire, Acadia se retrouve donc en grève au matin du 23 février 2004 dans le but d'obtenir sa 11e convention collective . Ce jour-là, c'est Denise Nevo (Mt. St. Vincent), présidente sortante de la Caisse, qui présente le fameux chèque d'un million à l'AUFA en compagnie de Vic Catano, président de l'ACPPU. Les 26 et 27 février j'allais manifester notre solidarité à toutes et tous en compagnie de pickets venus en avion et en voiture du Manitoba à Terre-Neuve. Comme Denise Nevo l'a dit, chaque grève a son originalité : à Acadia, ce sont les serruriers qui ont passé la nuit du 22 au 23 février à changer les serrures de tous les édifices du campus. Le lendemain, l'administration prétendait qu'elle n'avait aucune idée que les profs allaient en grève! Autre singularité : une déclaration de l'administration considérant en grève tous les membres de l'unité de négociation, y compris les personnes en congé de maternité, maladie ou sabbatique, qui ne seraient donc pas payées. Il y a bien eu aussi des étudiants hostiles à la grève le premier jour (" Only the French strike! " - disaient-ils - ce à quoi Denise répondit : " but I AM French! "), mais ils avaient disparu à mon arrivée, alors que des étudiants circulaient dans Wolfville distribuant valentins, café et beignes aux grévistes. Je remercie chaleureusement Denise Nevo et Bob Rosebrugh qui ont coordonné les visites de piquets volants et roulants à Acadia.

Les principaux points en litige chez Acadia étaient le recrutement et la rétention du corps professoral, ce qui est lié aux salaires et conditions de travail (charges d'enseignement et avantages sociaux), en plus d'un différend sur la place des profs à temps partiel dans l'unité de négociation. La dernière offre de l'administration avait été rejetée à 94,8% en janvier. L'administration a finalement accepté de retourner négocier, un accord de principe était signé le 8 mars, date de la fin de la grève, puis ratifié le 10.

Les piquets d'Acadia étaient à peine secs (la grève avait débuté suite à la fameuse fin de semaine qui avait laissé 1 m de neige dans les rues de Halifax) qu'en ce jour fatal des Ides de Mars l'Université Bishop's se réveillait de 160 ans de torpeur avec des piquets de grève à ses portes. Le conflit avait pour source une volte-face de l'administration datant du 23 décembre 2003 où " une nouvelle offre abolissait huit mois de travail collégial… Ils proposaient la pire offre salariale au pays (21/4% par an sur 4 ans, contre 21/2% précédemment) ", selon Jamie Crooks, négociateur en chef de l'APBU. Le conflit résultait aussi de désaccords sur le nombre de postes et sur le régime de retraite, suite notamment à la prise de " congés de contributions " par l'administration dans les années Quatre-vingt-dix.

En l'absence de Denise Nevo en sabbatique, Bob Rosebrugh acceptait de nouveau de coordonner les visites de piquets et la livraison du chèque d'un million, qui serait présenté à la présidente de l'APBU Nelly Khouzam par la vice-présidente de l'ACPPU, Loretta Czernis. Je suis arrivé à Lennoxville le jeudi 18 février 2004, Jour 4 de la grève, rejoint le lendemain par près de vingt administrateurs et piquets roulants et volants lors d'un rallye-marche organisé par les étudiantes et les étudiants de Bishop's. Nous avons marché sur la route conduisant aux piquets sous un soleil presque printanier, une température juste au-dessus de zéro, avec les sirènes des camionneurs Québécois toujours solidaires. Comme à Acadia, et comme il est désormais traditionnel à la Caisse, l'association-hôte organise une soirée sociale le vendredi et celle de l'APBU a été un franc succès, fréquentée par de nombreux membres et leurs familles. A peine étions-nous rentrés chez nous cette fin de semaine-là, que nous apprenions la signature de l'accord de principe le dimanche soir.

Dans ces deux grèves, l'appui de plus de 30 associations partout au Canada a été excellent. Nombreux ont été les présidents et membres des exécutifs à envoyer des lettres de soutien et des lettres priant les administratrices de revenir négocier de bonne foi. Je suis profondément convaincu que ce sont de telles expressions de forte solidarité qui permettent de prévenir des conflits, parfois in extremis, de réduire leur longueur, tout en obtenant de meilleurs contrats collectifs pour nos membres. Les administrateurs de la Caisse de défense se joignent à moi pour vous remercier de cet appui massif.

Je remercie avec reconnaissance le personnel de l'ACPPU qui administre la Caisse de défense pour son aide, son soutien et son travail continu et efficace.

En solidarité et très respectueusement,

Jean-Charles Cachon
Président et administrateur (Laurentienne)
Avril 2004