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Rapport de la Caisse de défense de l’ACPPU – Printemps 2000

Rapport de la Caisse de défense de l’ACPPU
Printemps 2000

Au moment où je rédige ces lignes, à la veille de mon départ pour un congé sabbatique en Espagne, je ne peux m’empêcher de souhaiter demeurer au Canada un peu plus longtemps pour assister à l’aboutissement de deux événements importants : la grève à l’UCCB, qui entame sa troisième semaine, et la grève imminente à l’Université de Moncton. Les deux associations, l’association des professeurs de l’UCCB et l’ABPPUM, sont censées rencontrer leur employeur respectif en fin de semaine (du 25 au 27 février). Il y a un faible espoir que la grève se règle à l’UCCB et qu’elle soit évitée à Moncton. Lorsque le présent rapport sera soumis au Conseil, les deux situations auront évolué et, je l’espère, des ententes seront intervenues. Je ferai le point oralement à l’assemblée du Conseil.

Si l’ABPPUM déclenche la grève avant que l’association des professeurs de l’UCCB conclue une entente, la Caisse de défense connaîtra pour la première fois de son histoire une situation où deux associations sont en grève en même temps. Dotés d’un très bon moral, les membres des deux associations sont résolus à poursuivre la lutte jusqu’à ce qu’ils obtiennent ce qu’ils demandent : des salaires et des conditions de travail convenables. Les membres des deux associations sont de loin les professeurs les moins bien rémunérés de leur province respective, ceux de Moncton ayant reçu des hausses salariales minimales et ceux de l’UCCB n’en ayant reçu aucune depuis plusieurs années. Les deux universités jouent un rôle capital dans leur région en offrant l’enseignement postsecondaire à une population dont les jeunes ne fréquenteraient pas l’université s’ils devaient déménager à l’extérieur.

On fait plus souvent appel qu’avant à la Caisse de défense, les grèves ont tendance à durer plus longtemps, les employeurs sont de plus en plus arrogants et prennent de plus en plus l’offensive. Ils sont de plus en plus inventifs dans le traitement médiocre qu’ils réservent aux universitaires, pour forger des mensonges et publier de faux chiffres.

Le 12 janvier 2000, les administrateurs se sont réunis en conférence téléphonique pour approuver des indemnités de grève, un prêt pour couvrir les avantages sociaux et une marge de crédit de 250 000 $ pour l’association des professeurs de l’UCCB. Le 24 février, réunis pour une autre conférence téléphonique, ils ont approuvé des indemnités de grève, un prêt et une marge de crédit de un million de dollars pour l’ABPPUM. Bob Rosebrugh et moi-même avons rencontré les membres de l’ABPPUM à deux reprises (en novembre et en février) pour répondre à leurs innombrables questions sur le soutien de la Caisse de défense si la grève devenait inévitable.

Le 18 février, dix administrateurs, venant des quatre coins du pays, se sont joints à nos collègues de l’UCCB sur les lignes de piquetage par un froid sibérien de moins 38 Celsius. Bill Graham, le président de l’ACPPU, et Paul Fortier, le président de l’UMFA, sont également venus encourager les grévistes. Malgré le froid glacial, le fort sentiment de solidarité nationale a réchauffé le coeur des grévistes et des visiteurs. Un autre groupe d’administrateurs de la Caisse de défense a joint les piquets de grève à Sydney le 3 mars, et à Moncton le 10 mars. Mille mercis à Bob Rosebrugh qui a coordonné la visite du 18 février à Sydney et qui coordonnera celle du 10 mars à Moncton, ainsi qu’à Dennis Felbel qui a accepté de coordonner la deuxième visite à Sydney le 3 mars.

Dans un autre ordre d’idée, l’University of Regina Faculty Association, qui a été invitée à assister à la réunion des administrateurs, tenue à Montréal en octobre 1999, n’a pas encore pris de décision quant à son adhésion à la Caisse de défense de l’ACPPU. Le site web de la Caisse est maintenant en français et la partie anglaise sera mise à jour bientôt.

Je remercie énormément le personnel de l’ACPPU, à Ottawa, pour son soutien inestimable et constant.

Le tout respectueusement soumis,

Denise Nevo
Présidente, Caisse de défense de l’ACPPU
Le 27 février 2000
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Suite à mon rapport du 27 février
(Caisse de défense de l’ACPPU - Printemps 2000)

Après une absence de trois semaines, je suis revenue au Canada pour trouver une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle : la bonne nouvelle était la fin de la grève à UCCB, après 36 jours, grâce à l’aide d’un médiateur nommé par le gouvernement; la mauvaise nouvelle était que la grève à Moncton n’avait pas pu être évitée.

Le 3 mars, plusieurs administrateurs de la Caisse se sont joints à nos collègues de Sydney sur les piquets de grève pour une deuxième visite nationale de solidarité à UCCB FAUT, et une première visite nationale de solidarité a été organisée le 10 mars pour apporter un soutien psychologique à nos collègues de Moncton. À cette occasion, un très grand chèque de un million de dollars (ligne de crédit) a été présenté par Alex Kondra (Acadia) et Marilyn Rennick (Ottawa) au président de l’ABPPUM, Greg Allain, lors d’une grande rencontre médiatisée. Tous mes remerciements à Dennis Felbel (Manitoba) et à Bob Rosebrugh (Mount Allison) qui ont organisé ces visites. Une deuxième visite à Moncton a eu lieu le 27 mars, alors que la grève était dans sa quatrième semaine. Ce jour-là, une bonne nouvelle a été annoncée: il s’agissait de la nomination d’un médiateur du Québec par le gouvernement du Nouveau-Brunswick, suite à un entretien personnel qu’avait eu Greg Allain avec Bernard Lord, premier ministre de la province. Toutefois, les membres de l’ABPPUM ont dû attendre encore 10 jours et l’intervention d’un des principaux médiateurs du Nouveau-Brunswick avant de pouvoir conclure une entente, ce qui a permis de mettre fin à la grève après 36 jours.

Ces deux grèves ont donc établi un nouveau record : pour la première fois dans l’histoire de la Caisse de défense, deux associations membres ont fait grève en même temps dans des conflits qui les affrontaient aux deux pires employeurs du Canada. Cela s’est produit dans la même région de notre grand pays, les provinces maritimes. Les deux grèves ont duré 36 jours, s’inscrivant ainsi en deuxième place après la grève de YUFA (55 jours en 1997). Il ne fait aucun doute que la Caisse de défense doit être prête à faire de nouveau face à une telle situation, et on ne peut que réitérer le besoin de continuer à voir ses réserves augmenter pour pouvoir répondre aux besoins créés par des grèves de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues.

Pour ce qui est de la valeur des visites de solidarité de la Caisse de défense, Michael Manson a tout dit: « Merci à tous ceux et celles qui ont envoyé leurs meilleurs voeux à UCCB FAUT à l’occasion de notre victoire. Sachez combien le soutien venu des quatre coins du pays nous a touchés. Et un grand merci tout particulier à la Caisse de défense et aux "piquets volants" qui sont venus piqueter avec nous par des froids glacials. La première visite était particulièrement horrible puisqu’il faisait environ -35 degrés, avec le vent qui soufflait sur le trottoir devant l’université. S’il y a des gens qui ne s’en rendent pas compte, je dois expliquer qu’il y a quelque chose de profondément exaltant pour les grévistes quand leurs collègues venus de partout marchent côte à côte avec eux sur les piquets de grève. Bien trop souvent, nous pensons que nous sommes seuls dans notre lutte. Et puis tout à coup, les "piquets volants" arrivent, et alors nous savons que ce n’est pas seulement nous qui luttons et que tout le monde au Canada comprend l’importance de notre lutte. Donc, un grand merci à la Caisse de défense pour avoir organisé les deux visites, et un grand merci à tous ceux et celles qui ont sacrifié leurs fins de semaine et le doux confort de leurs foyers pour venir s’exposer au froid et à la pluie et pour "encaisser les coups durs" avec nous. En toute solidarité. Michael Manson - Président, UCCB FAUT. »

Denise Nevo
Présidente, Caisse de défense de l’ACPPU
Le 7 avril 2000